mercredi 27 novembre
Les candidats- Présidents sont depuis bientôt deux semaines de campagne à la quête du vote des électeurs du monde rural et des villes. Deux stratégies électorales. Elles sont distinctes. Toutefois ces stratégies différenciées ont un objectif commun : gagner la confiance de l’électorat au soir du 24 février 2019.
La campagne électorale a deux visages au Sénégal. Le visage de celui de la campagne et le visage de celui de la ville. Ces visages ne sont point identiques. Dans le premier cas, le candidat- Président est au cœur du visage du Sénégal des profondeurs. Le monde rural a sa singularité. Elle réside à la fois dans son état économique agricole et pastoral par essence et son organisation sociale fortement bâtie sur des relations et des rapports sociaux et culturels multiséculaires. L’électeur vote en fonction de plusieurs critères.
Les appartenances communautaires, culturelles, religieuses, l’accès aux besoins primaires, notamment, la santé, l’éducation, la mobilité et l’amélioration des conditions d’existence, sont le plus souvent, des facteurs déterminants du vote rural. Les partis politiques les mieux organisés et les plus présents d’un côté, et ceux qui exercent le pouvoir ou qui l’ont déjà exercé, sont généralement les mieux placés ou favoris dans une compétition électorale.
Qu’elle soit une élection locale ou nationale, les électeurs choisissent en fonction de l’expérience et des liens avec le candidat du terroir ou de la nation. Ainsi, le vote rural est très conservateur. On vote par ce qu’on connaît la personne ou son représentant dans la communauté et dans le pays. On vote en fonction des habitudes et de celui qui détient le pouvoir de décision ou son rival le plus sérieux.
Par contre, le vote urbain présente une autre configuration sociologique. La ville est par essence un lieu de résidence, où l’état de l’économie et son organisation, ne dépendent pas d’une communauté. Il existe certes des communautés traditionnelles. Ce sont les premières communautés ayant occupé la ville.
Par contre, le grand nombre des électeurs n’ont pas de liens communautaires directs avec ses structures communautaires et leurs responsables. Le vote urbain se compose du vote des électeurs appartenant à ces communautés pionnières, mais également, à des groupes sociaux- économiques identifiables par la profession. Cette dernière composante socio- économique de la ville est majoritaire le plus souvent dans l’électorat de la ville.
L’électeur urbain varie évidemment en fonction de l’importance démographique de la ville, de son état de son développement économique, social et culturel. Dans le cas du vote urbain, l’électeur est plus libre dans ses choix politiques et électoraux. Le choix de l’électeur n’est pas fixe, connu à l’avance. Le choix est fonction de la profession de l’électeur, de son niveau de vie et de la prise de consciences des enjeux de l’élection. La ville demeure le cadre par excellence des échanges et de la circulation de l’information. De ce côté, l’électeur de la ville est plus informé et plus libre dans ses choix que l’électeur rural.
Dans ces conditions très différentes par ses composantes économiques, culturelles et politiques, les candidats- Présidents ont des stratégies variant en fonction des particularités du monde rural et du monde urbain. Pour gagner l’électeur rural, il faut passer nécessairement par les structures des communautés de base. Les chefs religieux, les dignitaires traditionnels, les dirigeants des mouvements associatifs, les leaders d’opinion constituent des passages indispensables à la conquête des électeurs et des communautés de base.
Par opposition à cette stratégie électorale rurale, la stratégie urbaine tout ciblant les dignitaires et les religieux, élargit ses modalités d’action aux groupes socio- économiques et aux acteurs professionnels. Les responsables syndicaux, les chefs d’entreprises, les leaders d’opinion publique, en l’occurrence, les mouvements citoyens et les médias sont au centre de cette stratégie urbaine.
Il est important de relever toutefois certaines mutations à la fois du vote rural et du vote urbain. L’avènement de deux alternances a secrété l’émergence d’une conscience citoyenne tant dans le monde rural que dans le monde urbain. L’électeur est de plus en plus conscient de sa responsabilité individuelle. L’influence de la famille, de la communauté et des pouvoirs religieux et traditionnel est en train de prendre moins de place dans le choix de l’électeur sénégalais.
Les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont-elles aussi un effet sur le comportement des électeurs ruraux et urbains. L’information circule plus rapidement en ville et en campagne. L’électeur sénégalais est connecté. Cette connexion des ruraux et des urbains explique d’ailleurs l’influence de la diaspora sénégalaise sur le vote aussi bien urbain que rural.
Un autre facteur non moins important des mutations du monde rural et de la ville est l’accélération et l’uniformisation des modes de vie. Les manières de vivre en ville et en campagne sont quasi identiques. Les sénégalais mangent, boivent, habitent et pensent la politique de la même manière.
La télévision et la toile créent un Sénégalais, ni rural, ni urbain. Les candidats- Présidents doivent alors tenir compte des particularités du monde rural et de la ville, mais aussi des effets des mutations secrétant des habitudes communes aux électeurs ruraux et urbains. La meilleure stratégie est celle qui est capable de s’adapter et d’inventer son approche pour convaincre l’électeur suivant son vécu, ses besoins et son aspiration.
Mamadou Sy Lg8tv.com
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