mercredi 27 novembre
Il est fréquent de voir de jeunes sénégalais se départir d'objectivité pour présenter des hommes politiques dans un raffinement de personnalité qui frise la surenchère du paraître. Même si certaines personnalités politiques ont prévu avec diligence le destin de leader qui les attendait et s'alignent plus ou moins au juste milieu comportemental, il n'en demeure pas moins que le péché de canonisation peut aboutir à une fracture de notre inconsciente incertitude sur la nature humaine. Par ailleurs la plupart des leaders politiques reste des créatures capables de commettre toutes les bassesses inhérentes à la face hideuse de la nature humaine. C'est une erreur que de ne douter des imprudences d'un homme, fût-il un sage, quand il se décide à porter le commun changement qui le livre souvent à des inclinations naturelles.
Hitler, l'homme de l'année 1936 , a été l'horreur de la race humaine moins de dix ans plus tard. Malcom X avait besoin de renfort de légendes, en dépit de son verbe supérieur, pour présenter son parrain Elijah Mouhamed, jusqu'au jour où il découvre que son mentor, «messager d'Allah» faisait des enfants avec ses secrétaires. Notre jeunesse se résigne à malheureusement nourrir le mythe des leaders politiques et à ferrailler sur les plateaux de télévision et réseaux génériques pour leur gloire. La rationalité et l'émulation intergénérationnelle en prennent un sacré coup.
Alors que j'étais enfant, j'entendis dire que le regard imperturbable de Abdou Diouf peut vous briser les jambes et vous faire perdre votre latin quelque soit votre pertinence. Cette idée reçue contraste avec le Diouf tête baissée qui quitte le palais ce 3 avril 2000 sous les coups de boutoir du mépris populaire. Plus tard le père d'un ami m'expliqua que ce trait de caractère prêté à Diouf est celui d'un grand marabout charismatique de Touba au regard atypique. Sordide translation des rapports pour mythifier l'enfant de Louga! A Dagana un camarade de classe me confia que Oumar Sarr est resté une semaine dans le fleuve, pour sortir avec une calebasse de bouillie et devenir l'OVNI politique des deux rives. Cette légende ferait beaucoup rire au désormais ex secrétaire général adjoint du Pds. Récemment une amie, qui ne peut se dérober de sa forte affection envers Macky Sall, me confia ce qui suit : « Si Macky Sall ne rit pas c'est parce qu'il pense à ceux qui en sont incapables car confinés dans une misère qui serre mêmes les dents». Je n'ai pas manqué de lui répondre qu'il (Macky) est le lamentable artisan de cette misère, qu'il entretient d'ailleurs soigneusement. Mentir pour le compte du mentor est la forme la plus prisée de mythification. Du Rwanda où il se trouvait Wilane porte-parole du PS faisait cette déclaration à la mort de Tanor: « Les sénégalais ressentent ce que les compagnons du Prophète PSL avaient ressenti à sa disparition» ouvrant ainsi un boulevard de témoignages aussi écornés que farfelus.
Tout le monde reconnait qu'Ousmane Sonko est une constellation séduisante d'attributs de leadership transformationnel mais il est «le prince des maladresses» comme le rappelle BJN qui ramasse en passant des insultes de jeunes perdus dans une vassalisation spirituelle envers le patriote en chef. La banale attitude des jeunes de Rewmi, qui ont choisi de débiter des invectives pour «protéger» un leader qui n'en ferait jamais n'a pas échappé à ma lucidité d'analyse. Sorti des déboires avec la justice, Tariq Ramadan fait cette désolante confidence: « J'ai été en contradiction avec certains de mes principes, je l'assume». Jeunesse de mon pays, assumons notre mission pas à l'ombre des leaders mais sous le chaud soleil des hautes luttes démocratiques.
Papa Kalidou Thiam
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