mercredi 27 novembre
Les Lougatois ont été surpris ces derniers temps de voir un collectif essentiellement composé de conseillers municipaux, du nom de « Aar Boulevard Abdou Diouf », s’ériger contre ce qu’ils appellent « la volonté du maire Moustapha Diop de brader le patrimoine foncier situé le Boulevard Abdou Diouf ». Les représentants de ce collectif, en l’occurrence Ibrahima Diop, Amar Thiam et Birahim Tall, accusent le maire de servir les intérêts d’un promoteur privé. Pour ce collectif, le Boulevard Abdou Diouf concentre l’essentiel des services de l’Etat et le syndrome du bradage de la Bande verte est encore présent dans les esprits des Lougatois.
Cette sortie était inédite dans les annales du Conseil municipal de Louga. Du côté de la mairie, on argue que ce sont des conseillers municipaux de l’opposition qui veulent tout simplement saboter un projet d’implantation d’un parc de plaisir sur une superficie de 6000 m2 sur ce boulevard par un investisseur lougatois qui a fait une offre à la mairie.
Quels que soient les enjeux qui suintent de ce débat qui n’a pas encore connu son épilogue, ce qu’il est à noter, c’est l’attitude inédite de ces conseillers municipaux. Elle dépare d’avec ce que les Lougatois ont l’habitude de voir. Depuis le début de leur mandature, c’est bien la première fois qu’ils montrent une si ferme opposition au maire Moustapha Diop. A leur décharge, il faut reconnaître que Moustapha Diop dispose d’une majorité mécanique qui lui permet de mener sa barque comme il lui plait dans ce conseil. Cependant, les longs et multiples silences des conseillers municipaux, qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition, attestent d’une culpabilité manifeste tout au long de cette mandature. Les exemples sont multiples où les conseillers se sont cachés sous la table quand les dispositions relatives aux compétences de la commune étaient violées en flagrant délit par le maire.
Les dispositions les plus élémentaires du Code des collectivités locales étaient transgressées au niveau de l’administration sans que personne ne pipe mot. Le registre où devraient être consignées les délibérations du conseil municipal n’existe pas ou tout au moins personne ne l’a vu ni peut le consulter. L’affichage obligatoire de ces délibérations et des communications de l’institution municipale est une fiction à Louga. Et ce n’est là que le menu fretin.
Bien des choses plus graves, des décisions plus importantes sont passées comme lettre à la poste dans ce conseil. Notons dans ce registre, la décision complètement loufoque du maire de vouloir changer le nom de l’édifice abritant l’institution communale. Dans l’histoire du Sénégal, jamais telle incongruité n’avait été commise. Ce point ne pouvait faire l’objet d’une discussion en conseil. Il est parfaitement réglé par le Code qui dit en son Article 72 : « La commune est créée par décret. Ce décret détermine le nom de la commune, en situe le chef-lieu et en fixe le périmètre ». Pour cette délibération, l’autorité en charge de la légalité conformément à l’Article 243 leur a renvoyé leur copie pour une seconde lecture. On sait ce que cela veut dire. Les conseillers ont été muets comme des carpes.
Concernant la réhabilitation de l’hôtel de Ville, l’équipe municipale a commis la même bévue du débutant les travaux faisant fi de l’article Article 227 qui stipule : « Toute construction nouvelle ou reconstruction pour le compte de la collectivité locale ne peut être faite que sur la production de plans et devis mis à la disposition du conseil de la collectivité locale ». De l’amateurisme pur.
Parfois, cela frise le burlesque. Pour l’achat d’une nacelle, en violation décret -695-2008 qui dit en son article 3, alinéa 1 que « L’acquisition de véhicules d’occasion est prohibée », la mairie de Louga a acquis pour la « modique » somme de 14 millions un véhicule d’occasion qui s’est avérée impropre à l’usage qui lui était destinée. Pourtant, dans le rapport de présentation de ce décret, il est expressément dit que « Le champ d’application s’est élargi de façon formelle aux collectivités locales, aux agences et aux autorités administratives indépendantes ». Un vrai coup double dans la sottise. Personne n’a levé le plus petit doigt.
La construction du marché de Médina Salam fait partie de cette longue liste de trivialités auxquelles le conseil municipal de Louga nous a habituées. C’est le maire himself qui a félicité l’entrepreneur qui a construit le marché de Médina Salam lors de son inauguration. Cet entrepreneur n’est autre que le conseiller municipal, président de la Commission des Marchés du Conseil municipal. En matière de conflit d’intérêt, il est impossible de faire mieux. L’on ne doit pas s’arrêter à cette considération d’éthique. Le Code des Collectivités locales est explicite sur la question. Il dit en son article 91 : « Sont annulables les délibérations auxquelles ont pris part des membres du conseil intéressés, soit en leur nom personnel, soit comme mandataires, à l’affaire qui en fait l’objet ». Il est à se demander comment a-t-on pu passer sous silence une telle forfaiture ? Les conseillers étaient-ils à ce point ignorants des textes qui régissent leur fonction ? On serait bien tenté de répondre « oui » à la question.
A l’époque, seul LG8TV parlait de ces questions et indexait ces manquements à la législation. Dans le Conseil, on faisait la sourde oreille. Au cours de sa dernière séance, le maire Moustapha Diop, lui-même avait dit que Louga ne méritait un tel conseil municipal.
Il semble bien que quelque chose a bougé chez certains conseillers pour qu’ils se mettent à créer un collectif ou organiser des conférences de presse. Ce qui, du reste, est à saluer. Aujourd’hui, les morts ouvrent un œil.
LG8TV.COM
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