mercredi 27 novembre
Depuis des mois, une animosité s’est installé entre les responsables de la société saoudienne Asiyla Gum et une partie des éleveurs du Djoloff regroupés au sein de l’association Potital Jolof (unité en pulaar). Ces derniers dénoncent les agissements des agents de sécurité sur les personnes et les animaux qui rodent près des plantations de gomme arabique que la société exploite depuis 1999 dans les terres des communes Mbeuleukhé, Boulal, Kamb, Thiargny, Déaly et Mboula. Voici la lettre que l ‘association a adressé au Gouverneur de la région de Louga :
Par la présente, nous portons à votre connaissance de faits pouvant constituer une infraction vis-à-vis du droit sénégalais et international. Nos observations les plus sont énumérés en bas et nous vous prions d’en prendre connaissance.
1-On note des cas d’agressions, de l’arrogance, du harcèlement et de la violence perpétrés par les agents de la société Asiyla sur les populations locales. Une pratique regrettable de la part d’une société qui opère chez nous. Le dernier cas du genre a été signalé à Sagatta-Djoloff. Le député du département et maire de la commune de Ouarkokh a déjà dénoncé ces cas de violences dans un vidéo largement diffusé dans les réseaux sociaux.
2- Il est prêté à la même société un accaparement de grandes surfaces de terre. C’est le cas dans la commune de Kamb et ailleurs. Ce qui réduit considérablement les zones de pâturage alors que la population vit essentiellement de l’agriculture et de l’élevage. Cet état de fait a contribué à l’appauvrissement de cette dernière.
3- Il a été impossible à la commission de Pottital Jolof (société civile) de trouver dans les différentes communes visitées, des contrats et de conventions d’exploitation clairs signés entre celles-ci et la société Asiyla. Cette situation inédite désavantage la population locale du terroir.
4-Utilisation de produits contaminants. Dans un communiqué reçu récemment, le directeur des opérations a averti les populations de l’utilisation de produits contaminants dans ses plantations. On ne connait pas l’effet de ces produits à court, à moyen et à long terme sur la santé animale et celle des populations. La copie du communique est en attachement.
5-conditions de travail inhumain. De nos jours, les salaires journaliers pour les saisonniers se situent entre 1.500,00 Francs CFA et 3.000,00 Francs CFA. Ce sont en fait des salaires de misère. Ces employés saisonniers travaillent dans des conditions très précaires. Ils n’ont ni contrat, ni protection et ils s’acquittent de leur besogne dans des endroits où abondent des serpents, des épines, des scorpions et autres dangers. Les normes nationales et internationales de travail que doivent respecter les sociétés y sont tout simplement inconnues et ignorées.
6- la compagnie ne verse pas de redevance ou taxes aux municipalités de l’avis de plusieurs maires de communes. Aussi, des promesses de subventions pour les écoles et pour le cout de l’eau, lors de l’implantation de cette dernière ne sont pas tenues. Au finish, très peu d’engagements ont été respectés.
7- la compagnie n’aurait pas payé les frais de bornage dans la commune de Thiargny selon ses autorités municipales. Dans ce cas, de la société Asiyla devrait-elle légalement exploiter les ressources de cette localité et en tirer profit ?
8-Certaines communes aurait de la difficulté à retrouver des documents de délibération de certaines parcelles si bien que des litiges fonciers peuvent être nées de cette confusion. Cette situation doit être clarifiée pour éviter des troubles à l’ordre public.
9- dans le passé, des parcs d’animaux (Gourgour) ont été installés dans certaines communes. Des animaux errants et qu’on trouvait dans les parcelles d’Asiyla y étaient directement enfermés. Les propriétaires de ces bêtes venaient les récupérer dans ces enclos, en versant une certaine caution. D’autres animaux pris dans ces parcelles étaient souvent conduits à Dahra-Djoloff pour de la fourrière ou vente aux enchères. Les sommes collectées étaient-elles versées au trésor public ou dans les poches de particuliers ou ailleurs? Était-il légal de procéder de la sorte?
10- On signale également que les agents de cette société utilisaient des voitures pour pourchasser les animaux. Les animaux sénégalais n’ont pas de droit? Ne devrait-on pas les protéger ?
11- Dans certaines communes, les parcelles d’exploitation seraient très proches des villages, soit près de 100m ou un peu plus. Ce qui fait que les populations et leurs animaux se sentent étouffés. Il doit y avoir une distance d’au moins 2 km entre ces habitations et les domaines d’exploitation car ces habitants ont besoin de pâturages pour leurs animaux et champs pour l’agriculture.
Les points ainsi énumérés en haut sont source de préoccupation et de stress pour la population du Jolof qui ne demande qu’a vivre paisiblement sut la terre de ses ancêtres. Malheureusement, la présence et le comportement de la compagnie Asiyla leur causent d’énormes ennuis. La présence d’une mission d’enquête comprenant entre autres, notre société civile (Pottital Jolof) pour évaluer les impacts de la société Asiyla serait souhaitée afin de calmer cette tension.
Dans l’attente d’une réponse, nous vous prions, monsieur le gouverneur, d’agréer l’expression de nos sentiments distingués.
Coordination, Pottital Jolof.
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