mercredi 27 novembre
Initiée en 1962, juste quelques mois après l’accession du Sénégal à l’indépendance, le jumelage entre les communes et Millau et de Louga est exemplaire. En dehors de quelques courtes pauses enregistrées il y a quelques années, cette coopération demeure toujours très dynamique. Elle vient d’être renforcée par le comité millavois qui a organisé une soirée intitulée « GalaAfrica ». Ce comité millavois renouvelé récemment va étrenner sa première année d’exercice. L’enthousiasme de ses dirigeants, l’engagement de ses membres de plus en plus nombreux apportent aujourd’hui du sang neuf au cœur des relations entre Millavois et Lougatois. Cela est d’autant plus heureux que les contextes social, politique, institutionnel , au Nord comme au Sud, commandent un changement dans les rapports de coopération décentralisée.
Au Nord, l’évanescence de l’Etat de providence et les contraintes économiques qui en sont subséquentes ne permettent plus aux institutions, Etat central comme collectivités territoriales, de mener comme jadis des politiques d’aide hasardeuses. Au Sud, les villes et communes ont acquis ces dernières années une certaine autonomie par rapport à un Etat central qui péchait par un bonapartisme de trop bon aloi. L’expérience a par ailleurs prouvé que ce type de coopération n’était que cautère sur jambe de bois.
Certes, elles étaient très belles ces soirées-là où on célébrait l’amitié entre Lougatois et Millavois mais tout cela s’arrêtait au seuil des salles de banquet. Au sortir de ces réjouissances, on se donnait dans la bonne humeur rendez-vous à l’année prochaine. Cette forme de coopération a été déviée ou détournée par un envahissement du folklore, une sorte de surimpression de la culture.
Aujourd’hui, avec l’avènement du nouveau millénaire et des défis qui lui sont inhérents, les lois du jeu ont changé. Il faut maintenant changer et les cartes et les pratiques. C’est dans cette perspective que doivent s’orienter les nouveaux rapports entre les comités de jumelage millavois et lougatois. Il est d’ailleurs impossible de faire autrement. Il est grand temps que cette coopération entre Millau et Louga prenne tournure, qu’elle soit plus essentiellement axée sur les défis de l’économie, du changement climatique et de la transition énergétique. Il faut qu’advienne entre les deux communes un nouveau type de coopération qui serait un creuset de formation, d’échange d’expériences et d’innovation. Les jeunes Lougatois veulent eux-mêmes ramasser leurs ordures. De la part des Millavois, ils attendent à travers un apprentissage des méthodes et procédures, techniques de tri et systèmes de recyclages de déchets. Les médecins lougatois, malgré leurs modiques moyens, espèrent trouver chez leurs homologues millavois des trajectoires pour le management de leurs systèmes de santé et des dispositifs de soins de santé de proximité plus efficients. Bien tout cela requiert des formes de coopération plus denses, plus resserrées dans lesquelles l’innovation et la co-construction seront au centre des préoccupations. L’Association Téranga, créée par le Dr Sakho en communion avec des médecins millavois , avait quelques initiatives en ce sens.
Tout cela ne signifie pas qu’il faut jeter la culture aux orties. Dans nos sociétés d’aujourd’hui, la culture est devenue source de haute valeur ajoutée à la condition que les productions soient de qualité et exportables par le biais des nouvelles technologies de la communication. A ce titre, artistes et artisans lougatois sont en demande de promotions plus dynamiques, d’échanges plus constants et d’organisation de manifestations communes avec leurs homologues millavois. Millau peut être un tremplin de choix pour l’art et la culture lougatois aujourd’hui en désuétude.
Au plan agricole, Millau s’est résolument orientée vers l’agriculture biologique maîtrisée et la promotion des circuits courts. Louga gagnerait à s’inspirer de cette expérience. Même si les conditions climatiques sont radicalement différentes, si les productions ne sont pas de même nature, il n’en demeure pas moins que certaines techniques agricoles peuvent être sources d’inspiration pour les associations de producteurs de la région. Par ailleurs, des expériences de mise en place de circuits courts sont déjà à l’œuvre dans la commune et le département avec certaines spéculations tel le niébé.
La commune de Millau est impliquée dans la mise en place d’un grand marché d’intérêt national à Montpellier, une autre forme d’expérience qui pourrait inspirer quelques institutions lougatoises. Etant l’épicentre des zones de productions diverses comme la Pêche à Potou, l’élevage à Dahra et e maraîchage dans les Niayes, l’agglomération de Louga qui, traditionnellement, a été un très grand carrefour commercial pourrait bien être le marché de relais du nord du Sénégal à l’instar de celui de Diaobé au sud.
LG8TV
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