mercredi 27 novembre
S’il n’est pas connu comme un Thomas Sankara, le Capitaine Mbaye Diagne reste néanmoins l’un des plus grands héros que l’Afrique ait connu.
Ce « capitaine courage » a bravé les ordres de l’Onu pour sauver des centaines de vie. Héros de guerre au prix de sa vie, l’acte héroïque de cet homme restera à jamais gravé dans la mémoire des centaines de rwandais qu’il a sauvé. 26 ans après sa mort, on tente de rappeler au monde le courage d’un homme, qui aura défié les ordres pour aller sauver des vies.
Portrait d’un homme peu connu, mais d’une bravoure impressionnante.
Né le 18 mars 1958 à Coki, dans la région de Louga (Sénégal), Mbaye Diagne a grandi dans le quartier populaire de Pikine. Après avoir obtenu un master en sciences économiques à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Mbaye opte pour l’armée. Il fut admis à l’Ecole Nationale des Officiers d’Active (ENOA) de Thiès. C’est dans cette école que celui qui allait devenir un des plus grands héros de l’Afrique s’est forgé en tant qu’officier d’élite.
Pour sa première mission extérieure, le Capitaine Diagne, officier subalterne, est affecté au Rwanda. Et c’est là que débute l’histoire qui allait changer son destin à jamais.
Nous sommes en avril 1994 et le capitaine Diagne est envoyé au Rwanda comme observateur militaire de la Mission des Nations Unies sous les ordres du général canadien Romeo Dallaire.
Face aux massacres pitoyables de milliers d’innocents, Mbaye a dû se dire que sa vie valait moins que celles de tous ces tutsis injustement tués. Il décide alors, dès le premier jour d’agir de son propre chef et ignore les directives de l’ONU.
Le 7 avril 1994 débutait le génocide des Tutsis du Rwanda et les massacres des Hutus modérés. Et ce même jour, le Capitaine Mbaye Diagne, un casque bleu sénégalais au service des Nations Unies, décidait de ne pas rester les bras croisés. La première ministre Agathe Uwilingyimana venait d’être assassinée, et le Capitaine se rendit aussitôt sur les lieux du crime pour sauver ses cinq orphelins. Ce fut le début d’une longue série de sauvetage, jusqu’au sacrifice final.
Dans un témoignage, le général Roméo Dallaire, ex commandant de la mission onusienne au Rwanda affirmait : « Il s’en allait seul, puis revenait avec des dizaines de personnes qu’il avait arrachées à l’orgie sanguinaire des génocidaires ».
Ce qui n’était pas évident d’autant plus, en tant qu’observateur militaire, Mbaye Diagne n’était pas autorisé à porter une arme. Ses seules armes étaient sa conviction et son verbe. « Mbaye Diagne était passé maître dans l’art de négocier », selon les termes de la journaliste britannique Linda Melvern, auteure de plusieurs livres sur le génocide.
Lorsque le monde a tourné le dos au Rwanda, Mbaye est resté. Durant deux mois, celui que l’on surnomme « le brave des braves » a continué ses « escapades humanitaires » et a sauvé plusieurs rwandais.
Le 31 mai 1994, à quelques jours de son retour au Sénégal, le capitaine Mbaye Diagne décède à la suite d’un tir de mortier, qui explose à coté de sa voiture.
Aujourd’hui, il est considéré comme « l’homme le plus courageux ayant servi l’organisation des Nations unies ». Depuis 2014, la médaille du courage de l’ONU porte le nom de celui « qui a sauvé, sans arme et face à un danger extrême, la vie de centaines, voire d’un millier de Rwandais lors du génocide de 1994 au Rwanda ».
Pendant qu’une ethnie mutilait l’autre et que la communauté internationale jouait à l’aveugle, un homme, sans arme, a décidé d’agir et a dignement représenté la devise de l’armée qui l’a formé : « on nous tue mais on ne nous déshonore pas. Capitaine Mbaye Diagne a préféré la mort au déshonneur.
Dans mon pays, aucune rue, aucun boulevard, aucune avenue ne porte ton nom. Mais par devoir de mémoire, je partagerai ton histoire partout.
Kebetu
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