mercredi 27 novembre
Lettre ouverte à Monsieur Aly Ngouille Ndiaye, maire de la ville de Linguère
Monsieur le maire,
J’aimerais tout d’abord commencer par vous féliciter de tout le travail que vous êtes en train d’abattre dans la ville de Linguère, depuis que vous y êtes maire, pour bonifier sa face et la valoriser davantage aux yeux de tous vos collèges représentants d’autres villes. Il me faut vous témoigner cela comme un signe de reconnaissance et d’encouragement dans cette difficile mission qui vous est assignée.
Cette ville, avec le temps et les moments de vacances que j’y passais, est parvenue à entrer naturellement dans mon cœur. Je nourris, pour elle, une affection particulière. Parce qu’elle est ma ville d’origine où repose actuellement mon père, paix à son âme, et aussi parce que j’ai appris, dans son calme absolu loin de toute cacophonie et dans sa douce chaleur, à me détacher un peu du grand monde pour composer quelques vers pendant mes moments de solitude. Je suis tombé sous son charme et je porte toujours en moi ses beaux souvenirs.
Monsieur le maire,
La courtoisie voudrait bien qu’on se présente à une personne avant de lui adresser la parole. Mais cette fois-ci, par contrainte, je me passerai de cette règle pour une toute simple raison: je voudrais que le message que j’ai à vous dire prime sur la personne moins importante que je suis. Je m’en désole vraiment de ce manque de courtoise.
Monsieur le maire,
Je suppose que vous connaissez mieux que moi la très vieille définition du mot politique comme « art de gérer la cité ». Je suis convaincu que vous êtes aujourd’hui maire de Linguère parce que sa population, dans sa grande majorité, croit que vous avez les compétences et les stratégies nécessaires pour mener à bien la politique de développement de cette ville. Remettre en cause votre posture serait synonyme de douter de la responsabilité et l’intelligence des populations. Ce serait d’ailleurs une aberration de ma part.
Si aujourd’hui, après une minutieuse réflexion, j’ai décidé de vous écrire cette lettre ouverte, c’est parce que j’aimerais que vous écoutiez davantage la voix de la jeunesse qui, en principe, est le moteur de toute politique de développement.
« Diriger, c’est savoir écouter la voix de la jeunesse ». Je ne dirai pas qu’elle est la couche la plus importante de la société, mais son implication dans les affaires de la cité compte plus que l’impaction des autres couches. Écoutons sa voix.
Monsieur le maire,
Peut-être remarquez-vous qu’il y a déjà trop de détour dans cette lettre et que certainement réfléchissez-vous par où je voudrais en venir. C’est peut-être très capricieux de ma part, mais c’est une de mes manières d’approche quand il s’agit de parler avec quelqu’un par l’intermédiaire d’un texte épistolaire. Désolé encore pour ce détour.
L’objet de cette lettre est de vous parler d’une chose qui me tient vraiment à cœur, il s’agit de l’implantation d’une bibliothèque départementale à Linguère. La jeunesse de cette ville a très longtemps crié parfois en sourdine pour qu’une bibliothèque digne de ce nom soit mise à sa disposition pour leurs besoins de recherche et d’apprentissage. D’après les informations recueilles, et je m’en réjouis pleinement, il existe depuis plusieurs années un projet de bibliothèque départementale qui est déjà estimé et qu’il ne reste que la réalisation du bâtiment qu’il va l’abriter.
Pensez-vous qu’il y ait nécessité de construction d’un lieu de culture à travers le livre et la culture? Si oui, pourquoi ça tarde toujours à se faire? Où en sont les autorités qui sont chargées de la construction ?
Voilà trois questions que je me pose et que vous pose en tant que maire de la ville.
Monsieur le maire,
Est-il possible d’espérer à un futur prometteur d’une jeunesse pour le développement d’une localité sans l’existence des structures de culture intellectuelle comme les bibliothèques ? Vous conviendrez avec moi que la réponse est bien négative.
Si ma mémoire est bonne, j’avais fait une publication, le 3 Mars 2019 sur Facebook, pour m’indigner de l’absence d’une bibliothèque départementale à Linguère et en même temps de la « posture passive » de la jeunesse linguéroise qui ne connaît toujours pas les priorités ou, pire encore, ne les réclame pas.
Sans la culture intellectuelle, n’espérons pas grand chose de la jeunesse et la construction de cette bibliothèque est une grande urgence. Je crois que c’est un paradoxe incroyable de vouloir inciter la jeunesse à la réussite, leur demander de faire des performances dans les classes sans mettre à leur disposition une bibliothèque pour qu’ils puissent se ressourcer. Cette idée, j’ai peut-être eu la chance et le courage de la matérialiser sous forme de lettre, mais elle est dans les pensées de tous les jeunes linguérois conscients des enjeux du monde moderne où seule la Connaisance directe pourrait permettre de tirer l’épingle du jeu.
Monsieur le maire,
Voilà en quelques mots la reformulation de mon voeu et de celui de la grande majorité des jeunes de Linguère. Cette lettre est juste un petit rappel pour vous demander davantage d’écouter la voix de la jeunesse et, mieux encore, de l’entendre pour répondre à ses priorités dont la construction d’une bibliothèque départementale est en premier rang.
L’autre chose que j’aimerais évoquer dans cette lettre est liée à une sorte de « divertissement sadique » que certains dirigeants de notre pays ont tendance à développer pour maintenir la jeunesse dans son état éternel de « dormeur à yeux grands ouverts », un divertissement qui se passe subtilement par la culte de la passion du sport et de la musique. Entendons-nous bien, je ne suis pas contre le sport encore moins la musique, mais je suis pour une démarche beaucoup plus responsable pour prioriser la culture de l’intelligence d’abord et tout le reste peut bien être utile, après.
L’argent énorme que vous déployez pour l’organisation d’une coupe du maire pour les associations sportives et cultures, même si, il faut oser le dire, le volet culturel y est presque totalement absent, pourrait bien servir pour la construction de cet espace culturel. De la manière que l’argent que vous déployez pour faire venir un artiste pourrait aussi le faire. Il paraît que ce n’est pas un problème de financement qui se pose, mais une absence de volonté politique et un silence coupable de la jeunesse qui, peut-être, ignore toujours l’importance capitale du livre et de la lecture. Si c’est le cas, ce qui d’ailleurs très grave pour une jeunesse qui aspire à la réussite, aidez-la, s’il vous plait, à comprendre. Si aussi la jeunesse a bien compris mais qu’elle se plaît toujours de se mouvoir dans un grand silence pour d’autres raisons, tant mieux ou tant pis pour elle.
Monsieur le maire,
Avant de finir, j’aimerais préciser que je n’ai aucune intention de mettre du noir dans votre bilan et que je n’ai adhérent d’aucun parti politique. C’est par pure conviction que je vous écris. Ma voix est indépendante de toute conviction politique.
Si toutefois , par hasard, vous lirez un jour cette lettre quelque part, prenez-le tout simplement comme un rappel et un cri de coeur d’un jeune d’origine linguéroise qui souhaite l’implantation immédiate d’une bibliothèque départementale à Linguère. De préférence, et je le souhaite bien, j’aimerais qu’un de mes amis qui vous sont très proches vous la transemt pour que vous puissiez la lire pour entendre et écouter la voix de la jeunesse de cette ville dont j’en fait partie d’une part. Si, bizarrement, vous me parveniez pas à lire cette lettre, j’aurais au moins l’esprit tranquille d’avoir dit avec conviction et principe tout le bien que je souhaite pour le développement de la culture intellectuelle pour la jeunesse de la ville que vous dirigez actuellement en tant que maire.
Veuillez recevoir, Monsieur le maire, l’expression de ma profonde considération.
Elaz Ndongo THIOYE, étudiant sénégalais.
Paris, 19 Novembre 2019.
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